Si vous avez lu "les mémoires de guerre" de Charles de Gaulle, vous avez vu effectivement comment le chef de la France Libre devait lutter à la fois contre les allemands, et à la fois contre les anglo-saxons Churchill et Roosevelt, pour ne pas qu'ils fassent main basse sur les possessions françaises dans toutes les parties du monde, et ainsi profiter de la défaite française pour s'accaparer des territoires dans leur seul intérêt. Roosevelt voyait de plus en de Gaulle un dictateur et ne l'a reconnu finalement comme chef de la France Libre qu'àprès le débarquement de Normandie, où il a été mis devant le fait accompli. De Gaulle s'entendait beaucoup mieux avec Eisenhower avec qui il pouvait traiter sur le terrain.
En revanche, rendons grâce à Churchill, d'avoir, dès la signature de l'armistice qui livrait la France pieds et poings liés à Hitler, accueilli de Gaulle et de lui avoir donné les antennes de la BBC, parfois contre l'avis de son état major, et de lui avoir permis de jouer le rôle qu'on lui connaît durant toute la durée de la guerre. Même si, l'homme du 18 juin le dit dans ses mémoires, cela n'a pas toujours été facile de traiter avec l'homme qui n'a rien cédé aux nazis. Si il y a pu avoir un de Gaulle, c'est d'abord parce qu'il y a eu un Churchill.
C'est aussi à la demande de Churchill, que la France a pu participer à la table des vainqueurs, à la signature de la capitulation de l'Allemagne, et pu obtenir une zone d'occupation en Allemagne prise sur la zone allouée aux Britanniques. Churchill, surtout après Pearl Harbor, événement à partir duquel les américains sont entrés de plain pied dans la guerre, a toujours été sous l'influence de Roosevelt, sans lequel il n'aurait rien pu faire lui non plus, mais il a été un ami de la France. Certes parfois il faut se défier de ses amis, mais c'était un ami. Pour tout cela, la France doit énormément à Churchill.
Le plan Marshall : Il a permis à la France de se reconstruire, et aussi à l'Allemagne. Nous n'avons heureusement pas renouvelé les erreurs stupides du traité de Versailles, qui ont conduit à la ruine de l'Allemagne entre les deux guerres, et à l'émergence du nazisme.
La contrepartie de ce plan c'était la culture américaine qui a déferlé sur la France. Propagande c'est un mot un peu excessif pour qualifier ce qui venait de l'Amérique. La propagande c'est surtout des mensonges sur les plans politiques et idéologiques. Ici en l'occurence, c'était plutôt des contreparties financières. La France a été un peu contrainte d'acheter la culture américaine, cinématographique, musicale, etc... C'est ainsi que j'ai pu voir, étant petit, au patronage d'abord, puis au cinéma, étant plus grand, tous les films américains des années 50, films de guerre, westerns, comédies, comiques, etc... que j'aime particulièrement encore revoir aujourd'hui. Avec le cinéma, on a, dans les années 50, littéralement baigné dans la culture américaine. Musicalement c'est pareil, le Rock a pu déferler sur la France, prenant la place des Marcel Amont, Gilbert Bécaud, etc... sans toutefois supplanter, ni même gêner les artistes de qualité Brel, Aznavour, Brassens, etc... dont la carrière n'a pas été perturbée par cette déferlante américaine. Mais c'est ainsi que la musique américaine fait aussi partie de notre culture aujourd'hui. Mais déjà avant la guerre avec le jazz.
Je me souviens aussi de Sélection. Ca m'est arrivé de le lire. Ca ne me déplaisait pas.
L'OTAN : Revenu au pouvoir en 58, de Gaulle, qui, "s'était toujours fait une certaine idée de la France" voyait très mal la tutelle anglo-saxonne, notamment sur le plan de l'indépendance militaire nationale. Il n'avait aucune confiance en l'OTAN. Il était persuadé que même si l'Europe était attaquée par l'armement nucléaire venant de l'Est, les USA, craignant de voir anéantir leur pays pour un conflit qui ne les concernait pas directement, ne bougeraient pas, en violation des accords de l'OTAN. Chacun sait en effet ce que valent les accords internationaux, lorsque la nécessité frappe à la porte. La Tchécoslovaquie tout comme la Pologne avaient déjà eu l'occasion de méditer sur la solidité des accords d'assistance internationaux.
Il a compris qu'il fallait rendre la France indépendante d'une alliance dont nous n'étions pas les maîtres du jeu, et en cas de coup dur, ne savoir compter que sur nous-même.
Pour atteindre ce double objectif, Il fallait donc sortir de ce commandement intégré tout en restant alliés des Etats-Unis bien entendu, il ne s'agissait aucunement de renverser les aliances, et entreprendre la construction d'une arme nucléaire 100% française, non pas offensive, la France n'a jamais cherché noise à quiconque, non, mais seulement pour dissuader l'adversaire de faire usage de ses armes nucléaires, parce qu'il aurait lui aussi dans ce cas, eut à déplorer des destructions massives sur son propre territoire.
C'est d'ailleurs assez comique de voir comment certain candidat qualifiait ironiquement "la bombinette" comme inutile et ruineuse avant d'être élu président, et comment il a continué à la déployer une fois qu'il est devenu président. C'est cette mauvaise foi qui me dégoute en politique. Enfin passons. C'est cet équilibre qui a fait que nous ayons vécu en paix jusqu'à la chute du communisme. Après la chute du communisme, les dirigeants français ont pensé que tout danger de guerre était définitivement écarté en Europe, et ils ont commencé à démanteler notre armée.
Aujourd'hui ou demain, en cas de conflit majeur avec la Chine ou la Russie, ou l'Iran ou la Corée du Nord, ou ces 4 pays simultanément, ces pays étant alliés et en train de se réarmer à vitesse grand V, dont 3 possèdent l'arme nucléaire et le 4e va l'avoir sous peu, je doute fort que nous ayons les capacités de riposter en quoi que ce soit.
A Colombey, le Général doit se retourner dans sa tombe, pour l'abandon de l'armée, et pour le retour à l'OTAN.
Cordialement