Florence Arthaud

Bonjour à tous,

Au hasard des vides-greniers, on ne trouve jamais ce qu'on cherche, mais parfois, on trouve ce qu'on ne cherche pas.

Ce dernier dimanche, pas une TSF à l'horizon, rien.... Mais au détour d'une allée, par terre sur une couverture, quelques livres. Mon attention est attirée par un volume intitulé «cette nuit, la mer est noire » et l'auteur est Florence Arthaud.

Ce livre est une courte autobiographie de la championne de voile, qui a remporté la Route du Rhum en solitaire en 1990, et diverses courses autour du monde, en solitaire ou non.

Dans ce livre, publié en 2015 elle évoque avec beaucoup de détails, la nuit du 29 octobre 2011, où venant d'Italie, et voulant rallier Marseille, son port d'attache, elle est tombée à l'eau en pleine nuit, à 30 km au large de la Corse, tandis qu'elle était seule à bord de son voilier, avec son chat.

Alors qu'elle satisfaisait un besoin naturel, au bout de son bateau sa lampe frontale allumée, une vague imprévue fait tressauter le bateau, et Florence Arthaud perdant l'équilibre se retrouve à la flotte culotte baissée.

Loin de toute terre habitée, une nuit noire, le bateau qui continue sa route en pilotage automatique, et dont la balise en haut du mat disparaît de son champ visuel au bout de quelques minutes. Seule, en pleine mer, dans la nuit totale avec la frayeur des insondables profondeurs (3000 mètres) qu'elle a toujours eu, peuplées de toutes sortes d'animaux marins plus ou moins fréquentables, etc.. L'horreur ! Aucune issue sauf la mort programmée dans quelques heures. Comme Tabarly, comme Colas, ses illustres prédécesseurs en mauvaise fortune.

Mais ça c'est pas possible se dit-elle. Je ne veux pas laisser ma fille orpheline. D'abord se libérer de son ciré qui l'empêche de nager, et là, en plongeant la main dans la poche, miracle ! Elle y trouve son téléphone portable étanche, acheté un an auparavant qu'elle y avait glissé machinalement après le dernier appel, alors qu'elle ne le gardait jamais sur elle. Deuxième miracle : du réseau ! Eh oui, sur la mer, nous savons tous que les ondes se propagent sans difficulté en suivant la courbure de l'eau, sur des distances non prévues par les opérateurs. Elle parvient à joindre sa mère, puis son frère, qui alertent le CROS Med. Troisième miracle, sa lampe frontale, sûrement à LED, qui fonctionnait toujours. Et grâce à laquelle l'hélicoptère venu la secourir a pu la localiser avec exactitude lors du premier passage, et envoyer un sauveteur qui a pu faire hélitreuiller la naufragée.

Pourquoi j'en parle ici ? Tout simplement parce que dans ses souvenirs, Florence Arthaud se rappelle, et évoque le temps révolu de la bonne vieille BLU. Je la soupçonne d'avoir eu un brin de nostalgie de cet heureux temps, ou, seul au milieu de n'importe quel océan du globe, on pouvait téléphoner à n'importe qui dans le monde, sa famille, ses amis, ses amours, ceci sans aucune confidentialité car ces émissions pouvaient être captées par quiconque avait un récepteur OC disposant d'un BFO. C'est à dire déjà au moins, tous les marins, solitaires ou non, et tous les navires de commerce naviguant sur toute les mers du monde, ainsi que les SWL (dont j'ai pu faire partie quelquefois je l'avoue), qui se faisaient un régal d'écouter les conversations venant des mers lointaines et relayées par la station de Saint-Lys radio, située près de Toulouse. Saint-Lys a cessé d'émettre en 1998 après 50 années de bons et loyaux services, remplacée par d'autres technologies (satellites).

« A l'époque, tout le monde entendait vos conversations avec les ondes BLU. On participait aux confidences de tous. C'est de cette façon que j'ai pu entendre la météo donnée en russe à Michel Malinowski ! Son routeur imaginait sans doute que personne ne comprenait ; or j'avais appris le russe à l'école. Nous entendions les conversations des marins des cargos avec leurs femmes, demandant des nouvelles des petits à l'école et de leur santé, les oreillons, la coqueluche... Il arrivait fréquemment que le même marin appelle juste après, sa maîtresse qui l'attendait ailleurs... Il lui donnait bien sûr un horaire d'arrivée différent de celui de sa femme ! »

Malheureusement, Florence Arthaud devait périr 3 ans plus tard dans un bête accident d'hélicoptère dans la préparation d'une bête émission de téléréalité.

Ironie du sort, ce livre paraissait en mars 2015, Florence Arthaud disparaissait le 9 mars 2015.

Cordialement


Bonjour,

merci beaucoup Yves pour cette excellente page.

Cordialement.

Patrick.

 

Bonjour

Oui , c'  est bien pathétique !

Avoir affronté seule  tant d' éléments déchaînés , se retrouver à l' eau seule en pleine mer , avoir encore son portable " en poche " , trouver du " réseau " , avoir une loupiote pour être repérée sans tarder , c' est un concours de circonstances inespéré, quasi impossible , et disons même ...miraculeux , et finir ainsi " bêtement " dans les airs  comme passagère , dans une émission de télé  réalité , à cause d' une stupide erreur de pilotage , quel destin tragique ! Triste

https://www.youtube.com/watch?v=_iEqyQ_GCcU