Bonjour,
Je reviens sur mes tout débuts à Radio France en 1982.
Auparavant, je travaillais dans le 15e pour le compte d’un artisan en audiovisuel spécialisé dans la duplication VHS. J’étais attiré par ce bâtiment et j’avais candidaté à la Maison de la radio
Après avoir passé les entretiens de sélection, je débutais au service des K7 Radio France.
Le matin du premier jour, on me présente à tous les collaborateurs du Service des affaires commerciale dirigé par Lucienne Bastitelli.
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L’après-midi, je fais connaissance de mes collègues de l’Atelier de production de K7 audio qui était situé au 6e radiale.
Nous étions 5 salariés, 3 ouvriers, 1 responsable, 1 secrétaire
Je me rappelle parfaitement les propos qu’ils m’ont tenu en guise de bienvenue.
« Quelle est la différence entre le Titanic et Radio France ? » me demande-t-on ?
La réponse est : « Il y a 2 orchestres à Radio France » sous entendu nous coulons nous aussi, car à l’époque, les radios libres creusaient l’auditoire de Radio France. Comme par exemple Carbone 14 qui avait plus d’auditeurs le samedi soir sur Paris que France Inter au même moment dans toute la France.
Ils m’ont ensuite raconté l’histoire d’un journaliste extérieur mal intentionné qui avait obtenu sans raison un bureau pendant plusieurs mois et d’écrire dans la presse « Comment j’ai travaillé à l’ORTF ».
Les jours suivants cela a continué, des clochards dorment dans les sous-sols, on nous a volé un piano, les architectes se perdent quand ils visitent le bâtiment (à l’époque de la construction), ainsi qu’une moquerie ; à la question posée par un journaliste à Johnny « Qui va remporter le match Toulouse contre Lautrec », il aurait répondu Toulouse. Cela montre bien le mépris parisien fait à l’encontre de certaines personnes
J’ai ensuite été baladé par mes collègues.
Ils ont inventé que le photographe de Radio France Roger Picard me tirera le portrait pour mon badge. Or, ce Monsieur faisait uniquement des portraits pour les personnalités, directeurs où journalistes nouvel entrant, mais en aucun cas pour un ouvrier. C’est vers la fin de la séance qu’il me demanda mes fonctions, comprennant s’être fait avoir, nous arrêtâmes et il me dit qu’il ne conservera pas les clichés aux archives et il me les donna. Quand je suis revenu de la séance, mes collègues n’en revenaient pas d’avoir dupé le photographe.
Puis, ils m’ont demandé de chercher des fournitures de bureau à Monsieur Fitoussi logé au sous-sol. Or celui-ci était connu pour être un fonctionnaire dans l’âme, une caricature de l’agent zélé dans les formalités administratives en 3 exemplaires auquel j’osais demander un classeur. Il me renvoya à une autre personne pour obtenir un justificatif. J’empruntais des couloirs interminables et je devais à chaque réexpliquer dans quel service je travaille, qui m’envoie, etc… Je finis par aboutir chez une responsable des Affaires commerciales, elle comprit que c’était une brimade, cela se retourna contre mes collégues qui mirent fin au bizutage
Dans la semaine, je pris possession d’un placard en tôle, on dirait Loft aujourd’hui, pour y déposer mes vêtements, il s’avéra qu’il fut utilisé par Jacques Rouxel, le dessinateur des Shadocks.
Ayant bien passé toutes les mises à l’épreuve durant ma première semaine, mon collègue Patrick Pedro me proposa le vendredi après-midi de passer un moment au studio 102.
Quand nous sommes arrivés, il y avait Jane Manson qui répétait, elle était magnifique.
Arriva Guy Lux qui n’avait pas l’air commode avec son équipe.
Pendant qu’il répétait son entrée sur le plateau, j’ai vu qu’il utilisait un subterfuge. Au sol se trouvait deux rails d’ampoules clignotantes. Guy Lux marchait au milieu des deux rampes en faisant de tout petits pas. Sur l’image projeté sur un grand écran, on se rendait compte que cela approfondissait le plateau et valorisait son entrée en scène.
Ce moment passé au studio 102 me donnait raison d’avoir quitté ma province 14 mois auparavant à l’âge de 18 ans.
J’avais la sensation d’être à l’endroit où il faut être, qu’il s’y passait des choses.
J’en aurai des choses à raconter à ma grand-mère quand je la verrai, je lui dirai que j’ai vu Guy Lux !
cordialement