La TSF au temps du Titanic - Demande d'informations

Bonsoir à tous,

Je sui très heureux d’avoir trouvé ce forum de passionné de TSF. Je commence à m’intéresser au sujet mais n’y connait pour l’instant pas grand chose.

Je fais des recherches sur le naufrage du Titanic. Dans ce cadre, je m’intéresse au fonctionnement des communications radios au début des années 1910.

A la lecture des rapports d’enquêtes et témoignages, plusieurs points sur le volet TSF me restent difficilement compréhensible.

Deux navires m’intéressent particulièrement : le Titanic et le Carpathia. Les deux utilisent des radios Marconi.

L’opérateur du Carpathia explique qu’il écoutait la station de Cap Rod, alors assez puissante pour émettre sur tout l’Atlantique Nord, dans l’attente des nouvelles du soir. Dans le cadre de cette écoute, il entend des informations à destination du Titanic et décide de les noter pour les lui retransmettre, car il est « the nearest station to the Titanic » - « la station la plus proche du Titanic ».

Comment peut il savoir à quelle distance il se trouve du Titanic ? La distance est-elle appréciable à travers l’écoute TSF ?

De plus, dans un témoignage il explique ce qu’est un « Time rush » : lorsque deux navires se croisent,ils échangent leurs horaires pour vérifier que chacun à le bon.

Comment deux navires peuvent savoir qu’ils se croisent sans se voir, via la TSF ? Auriez vous des informations supplémentaires quant à cette notion de « time rush » ? je trouve peu de chose sur Google sur cette question.

Comment les navires géraient le fait que plusieurs pouvaient se parler en même temps ?
Si par exemple le Carpathia écoutait Cape Rod, et que dans le même temps, il recevait un appel du Titanic, comment « l’entendait-il » ?
A l’inverse, si le Carpathia souhaitait que son message soit absolument entendu par le Titanic, comment s’y prenait-il ?

J’espère que mes questions sont suffisamment claires. N’hésitez pas à me dire ce n’est pas le cas, je me ferai une joie de reformuler.
Je suis de toute explication adaptée à un niveau (très) novice. Je suis également preneur de toute documentation liée qui me permettrait de mieux comprendre.

Bien à vous,

Ade

Bonsoir et bienvenue chez nous Ade ! :slight_smile:

Effectivement un sujet passionnant Le Titanic = les tous débuts de radio maritime qui ont permis au Carpathia de secourir des vies grâce à la TSF !

Des spécialistes pourront vous répondre en détail sur ce forum j’en suis certain

@ suivre

Bernard

Bonsoir,

Je ne peux pas repondre à vos questions de manière precise, mais il faut s’imaginer qu’en ce temps là on en était aux balbutiements de la TSF, les émissions se faisaient en morse sur ondes amorties générées par des transformateurs haute tension avec lesquels on faisait des étincelles entre les deux pôles d’un éclateur (comme la bobine d’alumage et les bougies dans un moteur), ces décharges électriques exitaient un circuit oscillant relié à une antenne et une prise de terre.

Les sons à l’écoute au casque, sans amplificateur à l’époque, ressemblaient plus à des sons de parasites qu’ au morse que l’on peut entendre de nos jours encore avec des ondes entretenue pures générées par des émetteurs contenant de l’électronique à tubes ou à semi-conducteurs.

Il n’y avait avec ces appareils presque pas de sélectivité, les fréquences d’émission et de réception étaient assez vagues et dans la même bande de fréquence tout le monde entendait tout le monde, il y avait aussi peu de stations émettrices ou réceptrices.

Bonjour
Effectivement on en était au balbutiement de la tsf cependant la radiogoniométrie est apparue très tôt , principalement pour situer les navires , avec un hic dans les régions polaires ou la précision etait plus faible a cause de l’ionisation aléatoire mais … a l’époque on ne le savait pas encore
Quant a la sélectivité elle était bien sur très réduite mais les messages étaient transmis dans des créneaux bien déterminés et on reconnaissait les différentes stations car leur « note » etant générée en général par l’alimentation de l’emetteur , souvent une bobine de Ruhmkorff ou un convertisseur rotatif , elle etait différente selon le navire ou le fabricant de l’equipement

En navigation maritime pour connaitre sa longitude il faut connaitre l’heure !
Plus l’heure est connue avec précision plus la localisation est précise. De plus du temps du Titanic tous les navires n’utilisait pas le même fuseau horaire de référence. Un navire pouvait être à l’heure de Paris, l’autre à celle de Londres, un troisième à celle de New-York ou d’ailleurs, ce qui entrainait que quand il se croisait l’heure à leur bord pouvait être différente de plusieurs minutes ou heures. Je suppose que c’est pourquoi il s’échangeait l’heure. Aujourd’hui tout le monde est en T.U.C. (Temps Universel Coordonné).
A l’époque du Titanic l’opérateur radio n’était pas un salarié de la Compagnie Maritime mais de la compagnie qui fournissait le matériel radio. Et les navires équipés par la compagnie Marconi normalement ne communiquaient qu’avec les navires équipés par Marconi. A cette époque Marconi n’était pas la seule compagnie qui existait, sauf erreur, il y avait aussi Téléfunken et quelques autres.
Après la catastrophe du Titanic il y a eu en 1912 une conférence internationale et il a été décidé que les navires devaient communiquer entre eux quelques soit la compagnie l’ayant équipé en radio.

Daniel

Rebonsoir,

Merci à tous pour vos réponses.

Comme je le précisais je m’y connais encore très peu dans le domaine, et malgré de nombreuses recherches Google, je n’arrive pas toujours à comprendre la signification concrète des termes employés. Je me suis permis d’en lister quelques uns, issus de vos réponses.

Je suis preneur de clarifications sur ce point. J’ai lu pas mal de choses sur ces éléments. Mais je n’arrive pas à en comprendre le fonctionnement et la signification concrète.

De plus pour reprendre un de mes exemple initial, si un navire A voulait entendre ce qu’émettait un navire B, alors qu’au même moment un navire C émettait également, comment devait-il s’y prendre pour « isoler » le navire B?

J’ai bien lu la réponse ci-dessous, mais comme précédemment, je n’arrive pas à comprendre ce que cela signifie concrètement.

Merci encore pour vos premières réponses,

Ade

Un lien sur les émetteurs à ondes amorties avec en prime la photo de la station radio du Titanic :
fr.wikipedia.org/wiki/%C3%89met … 9tincelles

Je suppose que vous connaissez ce site :
titanic.pagesperso-orange.fr/

Daniel

Bonsoir,

La TSF est née avant l’électronique, c’est à dire l’invention du tube électronique (ou lampe de radio) qui a permis l’essor de la TSF durant la guerre de 1914-18 pour son but militaire et depuis le début des années 20 pour les buts de radiodiffusion civils.

À l’époque du Titanic on utilisait envore des méthodes « primitives » pour générer des ondes radio, par des procédés électro-mécaniques dont le but était de faire jaillir des étincelles électroques entre deux pointes d’un dispositif plus ou moins complexe statique ou tournant nommé éclateur.

On avait bien fait quelques progrès depuis la première transmission de Marconi à la fin du XIX ème siècle, passage des étincelles rares des débuts aux étincelles musicales, aux émetteurs à arc, au début des alternateurs à haute fréquence, mais l’absence d’élements amplificateurs ou oscillateurs que vont apporter quelques années plus tard les applications du tube électronique empèchait de faire des progrès décisifs.

Malgré tout cela on a maintenant, au vu des progrès réalisés depuis, de la peine à comprendre comment avec ce matériel très primitif on arrivait à communiquer entre la terre et les navires, il faut dire que « l’éther » comne on disait à l’époque (les bandes de fréquences) n’était pas encombré comme c’est le cas actuellement.

Bonjour,

On peut illustrer cette explication :
« Quant a la sélectivité elle était bien sur très réduite … on reconnaissait les différentes stations car leur «note» … était différente selon le navire ou le fabricant de l’équipement »

par ce montage audio :
tsf.pagesperso-orange.fr/tsf/morse-01.mp3

L’opérateur revait en même temps les signaux de navires différents (ici 2 signaux différents sur 2 notes différentes) mais avec une oreille exercé, il pouvait « isoler » le message émis sur la note grave ou le message émis sur la note aigue.

Cordialement : JCJ

Bonjour!
Devant les difficultés d’écoute dues au nombre croissant de navires, chaque bateau utilisait une fréquence de découpage différente au vibreur d’alimentation de l’arc.
Il était ainsi beaucoup plus facile de « prendre » un message particulier au milieu d’un trafic perturbé, grâce aux différences de tonalité entre émetteurs.

Il est toujours facile de nos jours, sur des récepteurs modernes, de séparer « à l’oreille » des messages télégraphiques émis avec une légère différence de fréquence entre les différents émetteurs.

Bonjour
Les premiers émetteurs SFR/CRM a étincelle étaient alimentés en 600 Hz par un groupe convertisseur la note était fonction de la fréquence et donc de la tension présente sur le bateau , tension essentiellement variable ! L’emetteur dont je dispose est similaire a celui la a part l’eclateur fractionné qui comprend 6sections au lieu de deux (puissance plus importante)
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Bonjour,

Sur le schéma visible sur le lien du Titanic, il n’y a aucune triode sur le récepteur, alors que cette invention date de 1906 ?
JJG

Bonjour,

Comme l’indiqueJC Jardine … on reconnaissait les différentes stations car leur «note» … était différente selon le navire ou le fabricant de l’équipement"

par ce montage audio :
tsf.pagesperso-orange.fr/tsf/morse-01.mp3

L’opérateur revait en même temps les signaux de navires différents (ici 2 signaux différents sur 2 notes différentes) mais avec une oreille exercé, il pouvait « isoler » le message émis sur la note grave ou le message émis sur la note aigue.

On reconnait l’opérateur radio à sa façon de manipuler.

JP radio sur EE la bourdonnais.

Pour visiter mon musée sur la radio et la télévision :
Avec Google : collection joel poulain ou radioteleviseurs
Ou bien cliquer sur l’adresse suivante avec radioteleviseurs.free.fr

Bonne visite, peut-être allez-vous reconnaître un poste de votre jeunesse.

Joël Poulain
A bord La Bourdonnais 1963.jpg

On peut supposer que la réponse à ces questions est l’absence de sélectivité des récepteur de bord et que l’on entendait en même temps tous les messages émis par les navires environants et les stations cotières. Selon la force d’un signal et à son contenu on devait savoir s’il provenait d’un navire proche et si on allait le croiser.
Pour mettre un peu d’ordre dans cette cacophonie hertzienne et libérer des instants de silence pour les message de détresse, une conférence, à Londres, en 1912 à propsé des règles après le naufrage du Titanic (docs joints : « La télégraphie sans fil » - A. Berget)



Merci à tous pour vos réponses très complètes, que je vais prendre le temps de lire et d’étudier avec une attention certaine.

Cet exemple me permet de comprendre beaucoup de chose, notamment pourquoi des opérateurs « s’engueulaient » car certains signaux les empêchaient de se concentrer sur d’autres messages.

Pour ma part, dans le cadre de mes recherches, j’ai également trouvé cette page très intéressante :
leradiofil.com/Titanic.htm

Ce passage m’intrigue : que dois-je en déduire ? Que plus une station est proche d’une autre, par rapport à la portée maximale de celle-ci, plus le volume du son est fort ?

[Edit] Merci pour la réponse Jean Claude Jardine

Ade

Bonsoir,

Sur le site « Raconte moi la TSF » que vous avez mis en lien ci-dessus, le document de simulation sur Youtube du message télégraphique de 1912 que je remets ici en lien : youtu.be/snkwsU98QlQ est assez intéressant, avec un son d’émetteur à étincelle musicale qui corresppond plus à ce que l’on devait entendre à l’époque que la simulation que Jean Claude Jardine nous a postè plus haut.

On ne peut en effet pas comparer la réception de signaux morse en onde pure non modulées (CW) dont on peut régler la tonalitié par le réglage du BFO sur le récepteur à des sons d’ondes amorties à étincelles musicales reçus en AM sans possibilité de réglage de leur tonalité.

Bonjour à tous ! :slight_smile:

Un extrait du livre " LA TSF " de Robert Bureau édition Que sais je ? (faire glisser vers le bas les scans)

on y cause du Titanic et radio maritime…

( toujours aussi rébarbatifs à lire ces livres édition Que sais je ? :unamused:

@+
Bernard


Bonjour

Beaucoup d’infos dans les minutes de la commission d’enquète du sénat US et du Board of Trade anglais qu’on trouve sur le net.
En particulier les témoignages des opérateurs radio des bateaux voisins et de l’opérateur rescapé du Titanic.

Apparemment de mémoire, il n’y avait pas de créneaux horaires imposés pour l’écoute des stations à terre ou des autres bateaux. Les opérateurs écoulaient leur trafic et restaient ou non à l’écoute selon leur humeur. Sur certains bateaux ils étaient seuls et portaient eux mêmes les message à la passerelle. Ce qui laissaient des trous dans la veille et la possibilité de laisser passer des messages importants. L’opérateur du Carpathia a reçu le message de detresse du Titanic, par hasard car il attendait l’accusé de réception de sa transmission avec un autre steamer. sans cela aurait été dormir.

Le même opérateur explique aussi qu’il estimait la proximité d’un autre bateau à partir de la force de son signal à condition de connaitre le matériel installé ( la puissance émise en gros ). Et seulement de jour, car de nuit les signaux étaient renforcés et l’estimation devenait difficile. En 1912, les radio avaient remarqué que de nuit les signaux étaient plus forts, ils imputaient cela à un phenomène atmosphérique sans connaitre en détail l’effet de l’ionosphère.

La station est Cape Cod ou Cape Race, pas Cape Rod.

Bonne fin d’année à tous.

R92

Bonjour et meilleurs vœux pour 2018.

On trouve le règlement qui devait gérer les communications entre navires et stations cotières à l’époque du naufrage sur :
search.itu.int/history/HistoryDi … fr.200.pdf
(a partir de la page 21 du document pdf).
A chaque communication, un navire devait donner sa position, sa route,… ce qui explique qu’en écoutant le trafic un navire pouvait connaître la présence d’autres navires proches.
Peu de chose en cas de message de détresse.

Cordialement : JCJ
position.jpg
sos.jpg

A l’époque du Titanic la radio n’était pas installé à bord pour la sécurité ou la navigation mais pour l’agrément des riches passagers.
L’important c’était la correspondance privée des voyageurs, les avis sur les icebergs ça passait après.
C’est seulement après le naufrage d’avril 1912 que l’on a commencé à prendre conscience que la T.S.F. pouvait servir la sécurité et la navigation.
Le site titanic.pagesperso-orange.fr/ l’explique dans ses pages « La station radiotélégraphique » (voir le sommaire du site).

Daniel