Compléments sur la stéréophonie

Bonjour,
Je suis en train de lire l’excellent article de Daniel Maignant sur la stéréophonie paru dans le dernier (n° 69) de Radiofil Magazine.
J’ai quelques compléments à y apporter.
Page 28 l’émission stéréo expérimentale Europe 1 - Radio Luxembourg (ou RTL ?) a été diffusée le 8 mai 1968 de 20h30 à 22h. J’étais à l’écoute avec deux récepteurs grandes ondes ! Donc pas de reportage en direct ce soir là de la manifestation à Paris de 20 000 personnes, car il était pas question d’arrêter l’émission stéréo pré enregistrée…
C’est surtout sur les essais de disque stéréo que j’ai des compléments… car l’histoire du disque stéréo commence au début des années 30. Faut que je sorte des disques de ma discothèque et que je prenne quelques photos… donc la suite dans quelques jours.
Daniel

A la réflexion et vue l’abondante documentation que je possède sur l’histoire du disque stéréo entre 1932 et les années 60 je vais plutôt préparer un article pour le magazine… donc la suite dans quelques mois dans Radiofil Magazine.
En résumé :
En attendant en ce moment j’écoute Duke Ellington enregistré en stéréo en février 1932, c’est saisissant. Il s’agit d’essais avec deux matrices, une pour le canal gauche et une autre pour le canal droite. A la lecture on lisait les deux disques synchronisés. En 1985 ça été repiqué sur un 33 tours « Reflections in Ellington Everybodys 3005 »
En janvier 1934 c’est Sir Thomas Beecham qui enregistrait Mozart en stéréo, mais là les deux canaux sont sur un seul sillon de 78 tours avec un procédé préfigurant les disques stéréo de la fin des années 50. Il y a quelques années la firme Symposium à partir des matrices originales a pressée des 78 tours en vinyle; leur lecture en stéréo nécessitant un petit montage électronique entre platine et ampli.
Au début des années 50 la firme américaine Cook commercialisait des disques microsillons stéréo. La face du disque était divisé en deux avec sur chaque moitié un sillon avec un des deux canaux. A la lecture il fallait un bras spécial avec deux cellules écartées d’une valeur précise. Ces disques on semble t’il été un échec commercial. Enfin en 1958 est lancé le disque stéréo telle qu’on la connu (avec quelques modif vers 1964 pour la gravure universelle) jusqu’à la fin du microsillon.
Et dans les années 70 c’est le disque quadriphonique avec au moins 3 systèmes différents (et incompatible entre eux !) qui sera commercialisé.

Bonjour,
Je me souviens également d’avoir écouté cette émission au moins partiellement car, dans mon souvenir, elle n’était pas limitée à la soirée mais a duré une bonne partie de la journée et je ne pense pas qu’elle était préenregistrée.
L’idée était de faire dialoguer les animateurs homologues de chaque station, chacun sur son antenne. Par exemple, la météo était présentée simultanément par A. Simon et J. Breton qui donnaient chacun leurs prévisions. De même les spécialistes des courses hippiques Maurice Bernardet sur RTL et (était-ce déjà) Ben sur Europe1 échangeaient leurs pronostics. Je ne sais plus ce qui se passait pendant les publicités, il est probable que chaque émetteur a repris son autonomie plusieurs fois dans la journée.
Si l’utilisation de 2 émetteurs AM pour transmettre un programme stéréo est très ancienne (en France « une larme du diable » a été transmis en stéréo sur 2 stations de la RTF en 1951), cette idée de collaboration entre 2 stations privées est très originale et probablement unique au monde.
Y a t’il d’autres témoins qui pourraient nous donner leurs souvenirs sur ce programme ?

Ma source pour l’émission stéréo du 8 mai 1968 est le n° 59 (janvier-mars 1999) des « Cahiers d’Histoire de la Radiodiffusion ».
Dans mon souvenir ce n’était que le soir ce que confirme le témoignage de René Duval (journaliste à Europe 1en 68). La revue précitée précise que cela partait du studio de RTL (le seul avec une console stéréo) et que c’était pré-enregistré sur bande magnétique et que toute la journée les deux stations ont fait de nombreuses annonces pour l’émission du soir. Seul incertitude l’horaire exacte 20h à 23h ou 20h30 à 22h, la revue se contredisant sur ce point précis.

Hélas, mes souvenirs sont fragiles.
Pas d’autres témoins de cette émission d’il y a seulement 47 ans. J’aurais pensé que beaucoup d’usagers de ce forum ont largement dépassé les 50 ans.

Bonjour,

ben oui, mais en 68 on démontait les pavés pour monter les barricades :laughing:

bonjour
vous allez rire, mais je me suis toujours demandé comment on peut faire de la stéréo avec un 45T …

S’il s’agit des 2 cotés du sillons, je veux bien, mais comment le diamant peut faire la différence ?

Et, question subsidiaire, a-t-on idée des performances d’un microsillon (bande passande en 33 et 45, diaphonie , etc …)

cordialement

Au début du 20ième siècle, 2 techniques de gravure des disque se faisaient concurrence, la gravure verticale pour laquelle le graveur oscille de haut en bas en usinant le disque dans son épaisseur et la gravure latérale pour laquelle le graveur oscille de gauche à droite en usinant le disque parallèlement à sa surface. Vers 1916, le brevet de la gravure latérale est tombé dans le domaine public et toutes les compagnies se sont ralliées à la gravure latérale de meilleure qualité que la gravure verticale. Par exemple, lorsqu’on grave une sinusoïde en latéral, le graveur rencontre le même effort selon qu’il grave vers la gauche ou vers la droite alors qu’en vertical, l’effort est très différent selon que le graveur usine vers le bas ou relâche vers le haut. La courbe tracée dans le premier cas est bien plus proche du signal sinusoïdal que l’on souhaite enregistrer que dans l’autre cas. De même, à la lecture, le signal récupéré par la cellule de lecture est moins entaché de distorsion dans le cas d’une gravure latérale que verticale ; compte tenu de la meilleure symétrie de la gravure latérale, les harmoniques pairs devraient être nuls, un peu comme dans un push-pull. Les disques monophoniques étaient donc tous en gravure latérale depuis très longtemps.

Il n’a pas fallu longtemps à pas mal de gens dans différents pays pour penser que les 2 gravures, verticales et latérales, étaient orthogonales et donc indépendantes l’une de l’autre et que l’on pouvait utiliser les 2 techniques simultanément pour graver 2 signaux indépendants. Les disques de 1934 dont parle f1tay étaient probablement gravés selon ce procédé. Cependant, comme les 2 gravures ont des propriétés différentes, les 2 canaux n’avaient pas la même qualité d’enregistrement et de reproduction. L’étape suivante a été de tourner de 45° par rapport à la surface du disque les 2 axes de gravure, les rendant ainsi complétement identiques en qualité. C’est cette technique qui a été universellement utilisée pour les disques stéréos à partir de la fin des années 50.

Je ne pense pas qu’il ait existé commercialement de cellule stéréo commerciale pour lesquelles les axes de lecture étaient orientés H/V. Il est cependant facile de passer électriquement de l’une des méthodes (H/V) à l’autre (+45°/-45°). Par exemple si l’on possède des disques primitifs enregistrés selon l’ancienne méthode (H/V) et que l’on dispose seulement d’une cellule qui lit selon la « méthode moderne » on récupèrera la composante horizontale et la composante verticales de la gravure en faisant la somme et la différence des 2 sorties de la cellule. Le montage dont parle f1tay était probablement à base d’ampli op réalisant la somme et la différence des 2 sorties d’une cellule stéréo standard.

bonsoir, merci pour votre réponse

je ne me représente pas trop le
« L’étape suivante a été de tourner de 45° par rapport à la surface du disque les 2 axes de gravure, »

donc il ya toujours du vertical et de l’horizontal ???

la pointe diamant (ou saphir ) n’a qu’un seul doigt , qu’une seule branche (env 1cm)
puis dans la cellule, je suppose qu’il y a deux bobines latérales

mais je ne vois pas trop comment les « vibrations » peuvent être stéréo si elles passent dans la meme branche
(la petite tige métal avec le diamant à un bout et dont l’autre bout va dans la cellule)

Bonsoir,

Voici une réponse animée vinylrecorder.com/stereo.html aux interrogations de Jmespe.


Source : soundovr.com


Source : hifilink.fr


Source : catalogue audio-technica 2014 (eu.audio-technica.com)

Pour compléter les documents et liens présentés, voici un article de Rémi Lafaurie paru en 1960 dans la revue du son qui décrit une cellule à réluctance variable Bang et Olufsen. Vous y trouverez des éléments de réponse à votre question subsidiaire concernant la courbe de réponse et la diaphonie :
demo.ovh.eu/download/17dbb6b55e4 … le_B_O.pdf

En ce qui concerne l’utilisation des combinaisons somme et différence des 2 sorties d’une cellule stéréo, on peut rajouter que les collectionneurs utilisent aujourd’hui une cellule stéréo classique pour lire les anciens disques à gravure verticale. Une cellule mono standard n’est pas sensible à cette gravure mais une cellule stéréo standard l’est, et on récupère la composante verticale en faisant la différence des signaux aux 2 sorties.
De même, au début de la stéréo, il était conseillé de mettre en parallèle les sorties G et D d’une cellule stéréo lorsqu’on voulait lire un disque mono. Ca permettait de réaliser la somme G+D du signal et d’annuler la composante verticale qui n’est qu’un parasite pour une gravure latérale. Cette commutation était en général réalisée à la sortie du préampli par un commutateur permettant différentes combinaisons : stéréo, stéréo inverse, G (l’entrée G pilotait les 2 amplis de puissance), D (même chose pour l’entrée D) et « G+D » ou « mono » pour la mise en parallèle des 2 voies. Ce commutateur a disparu des amplis HiFi vers les années 70.

Ces combinaisons G+D, G-D ont également été utilisées pour construire des amplis stéréo plus économiques. En feuilletant ce même numéro de la RdS, j’ai (re)trouvé cet article sur un ampli conçu par B.B. Bauer et ses collaborateurs à CBS et distribué par Heathkit :
demo.ovh.eu/download/79c28f88b70 … li_SD1.pdf
Cette technique qui utilise un étage de sortie à une seule lampe pour chaque canal en stéréo, recombine les 2 lampes en push pull pour un signal mono. Le transfo T2 qui n’est utilisé que pour le signal G-D est aussi moins cher puisqu’il ne véhicule généralement qu’une puissance faible. Cette technique n’a, semble t’il, pas laissé beaucoup de traces dans la mémoire des amateurs.
Je ne possède pas la revue du son N°69 dans laquelle une autre technique serait proposée par Schaub Lorenz et décrite page 6 de cette revue ainsi qu’il est mentionné à la fin de l’article. Si un collectionneur pouvait aimablement nous scanner cet article, ça serait sympa.

bonjour
et merci à vous deux !

il n’y a pas a dire sur rétro-forum , on est servi !!!

Voilà un revue du son qui a l’air bien interressante

disparue je suppose ?

Bonsoir à tous,
Merci pour toutes ces explications et les liens très intéressants.
J’aimerais savoir personnellement quelle est la différence entre une gravure stéréo et une gravure dite « universelle » (GU), mentionnée à une époque sur certains disques. Il s’agit certainement d’enregistrements mono à la base, mais ensuite… :unamused: :question:
J-F.

Si l’enregistrement est mono, il n’y a pas moyen de créer de la stéréo, à la rigueur séparer un peu les graves et les aigus au « remastering » et re-graver un disque stéréo avec ça !

Par contre l’enregistrement « stéréo compatible » peut être lu par une cellule mono avec un résultat satisfaisant, et je suppose que la « gravure universelle » revient au même, mais avec un brevet légèrement différent d’une compagnie de disques qui ne voulait pas payer de royalties… :wink:

Après ça, vous avez encore la gravure tétraphonique, et la quadraphonique (non, ce n’est pas le même système !)

Sur les problèmes liés à la lecture des disques stéréo avec une ancienne cellule monophonique, voici (encore) un article de R. Lafaurie dans la revue du son :
demo.ovh.eu/download/76b9e2ff9dc … bilite.pdf
Ce texte donne aussi des détails historiques sur le passage de la gravure stéréo Latérale/Verticale à la gravure 45/45.
Cette RdS date de 1958, les disques « compatibles » ou « universels » sont apparus vers le milieu des années 60, mais leur méthode de gravure devait certainement dériver de la méthode proposée par CBS décrite dans l’article.

Sur la Revue du Son et sur Rémy Lafaurie son rédacteur en chef qui en fut la véritable âme, voir cet hommage rendu par C. Gendre en 2001 à l’occasion du décès de R.L.
claude.gendre.free.fr/memoire.html
Claude Gendre est, je crois, décédé il y a 2 ou 3 ans, mais son site est toujours maintenu et on y trouve énormément d’informations historico-techniques.

merci

je crois que j’ai un livre des éditions chiron
je connaissais également ce site de C Gendre (connu ici même)

En fin d’article, on parle de disque carton !!!

Les disques en carton sont courant !
Il en existe de deux sorte, ceux destiné à l’enregistrement direct et ceux destiné aux disques pressés du commerce.
Je possède quelques enregistrement d’amateur des années 30 enregistrés sur un support carton recouvert d’un verni.
En ce qui concerne les disques du commerce plusieurs petite marque de 78 tours des années 30 en ont commercialisé, en autre certaine qui vendaient des disques par correspondance. Du temps des microsillons des disques publicitaires 45 tours étaient en carton. Du temps du 78 tours puis du 45 tours il a existé des carte postales sonores avec support en carton.
Le principal problème avec les disques anciens en carton c’est que souvent il perdent leur planéité sinon ils se conservent relativement bien.

jamais vu !

le seul souvenir (subliminal) que j’ai est un 45T souple

Pouvez-vous faire une photo de ces disques en carton ??

merci
cordialement

Voici un exemple d’un livre pour enfant de 1958 avec un disque sur la couverture cartonnée.
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