Curiosité : Autophon pour télédiffusion par câble (Suisse)

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Parmi les nombreuses nouvelles références dans le Grand Livre en ligne, cet Autophon T2S (ou T25 ?) conçu pour recevoir les émissions de télédiffusion par câble.

Michel Deluz, en m’envoyant les photos, commentait ainsi :

Il s’agit d’un amplificateur BF avec un choix des stations (6) par cadran téléphonique à impulsions. En effet, déjà au début des années 30, la Suisse avait pour la plupart de ses grandes villes un réseau téléphonique automatique (dans les années 40, le réseau était entièrement automatique). Cela permettait ce qu’on appelait la télédiffusion, soit l’équivalent du « câble ». L’abonné se branchait sur sa ligne téléphonique, et recevait six stations de radios, liées au téléphone. Le seul inconvénient était qu’un appel évcntuel par téléphone coupait la diffusion, et que l’on entendait ce qui se disait dans le haut-parleur.

Ce système a pu fonctionner très tôt en Suisse, car j’ai vu un appareil de télédiffusion fait d’un haut-parleur magnétique avec comme seul tubes un RE134 et un 506 !

Dans les années cinquante, le système a été remplacé par un porteuse HF qui utilisait les cables téléphoniques sans perturber les communications éventuelles.

Particularité : le cadran indique le nom des stations ; Quand on tourne le bouton d’accord, cela déclenche une série d’impulsions correspondant aux numéros de la télédiffusion.

Voilà qui améliore un peu nos connaissances dans ce procédé insolite.
J’avais publié un dossier sur le sujet ; je vais le replacer.

Bonne journée (ici ça “neigeouille”…)

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Bien peu d’informations sont disponibles en Français. Il faut mentionner le tès bon site de Michel Terrier

Le sujet me semble intéressant, et je voudrais proposer un dossier assez complet sur la question. Je compte donc sur mes voisins Suisses, et pourquoi pas Italiens, pour me donner un coup de main ! Voici ce que j’ai pu glaner jusqu’ici. Je ferai évoluer ce sujet au fur et à mesure que les informations et les documents me parviendront.

En Suisse

La Télédiffusion en français, (Telefonrundspruch en allemand, Filodiffusione en italien) c’est la dénomination exacte officielle de ce service que les PTT Suisses puis Swisscom ont fourni pendant 66 ans, depuis les années 30 jusque au 6 janvier 1998 à 19 heures.
Le premier système mis en service dans les années 30 était la Télédiffusion basse fréquence (TD-BF ou NF-TR en allemand) il n’a été disponible que dans les villes. Il consistait en une batterie de six amplis BF dans les centraux téléphoniques sur lesquelles était acheminée la modulation des différents programmes. Chaque abonné disposait d’un sélecteur installé au central qui commutait le signal BF amplifié, il était commandé par des impulsions, il fallait deux impulsions pour passer d’un programme à l’autre, avec un plot mort entre chaque programme. Les impulsions étaient acheminées en mettant à terre un fil de la ligne téléphonique.
Les premiers télédiffuseurs (c’est l’appellation de l’appareil récepteur) ne disposaient que d’un poussoir pour donner les impulsions, mais très vite les constructeurs ont construit des sélecteurs, sur le modèle des disque d’appels de appareils téléphoniques, qui permettaient de donner le nombre nécessaire d’impulsions pour passer d’un programme à l’autre. Il y avait en plus un “bouton de correction” situé à l’arrière de l’appareil qui permettait de synchroniser les indications du cadran du sélecteur avec le programme en faisant avancer pas à pas le sélecteur au central téléphonique.
Avec la TD-BF les communications téléphoniques interrompaient la diffusion radio. Ce système a été progressivement mis hors service dans les années 60-70

Le second système apparu dans les années 40 et disparu en 1998 est la Télédiffusion haute fréquence (TD-HF ou HF-TR en allemand). Il consistait en six modulateurs dans la gamme des ondes longues, la liste des fréquences a été donnée plus haut, ils qui étaient installés dans les grand centraux téléphoniques de chaque réseau. Puis le signal HF était acheminé par câble dans les centraux de quartiers et les centraux ruraux. Dans ces derniers ils étaient amplifiés et couplé à la ligne de l’abonné au moyen d’un filtre de la même manière que l’ADSL de nos jours ! La Télédiffusion était en ce sens un précurseur. Chez l’abonné un filtre (dénommé “conjoncteur” dans la terminologie PTT) permettait de séparer les signaux HF ondes longues du signal BF téléphonique

N’importe quel récepteur avec les ondes longues convenait pour la réception de la TD-HF, les récepteurs Suisses ou destinés au marché Suisse avaient d’ailleurs les six canaux indiqué sur le cadran dans la gamme des ondes longues, ceci depuis le milieu des années 40 environ.

Cependant pour équiper les chambres d’ôtel et d’ hôpitaux, la nécessité de petits postes simples et compacts s’imposa. On développa et construit des postes à amplification directe qui permettaient une meilleure bande passante, avec la sélection des six fréquences par commutateur rotatif puis par clavier. Puis sur le même modèle on développa des poste plus ou moins luxueux, Biennophone en fut le principal et dernier constructeur. Il fit aussi des récepteurs radio avec une touche spéciale TD-HF, comme le Verbier cité plus haut, ceci permettait de déconnecter l’antenne ferrite et aussi selon les modèles d’élargir la bande passante. (sélectivité variable)

Tous les constructeurs Suisse ont produits des télédiffuseurs, premièrement BF puis HF.

En TD-BF on trouve : Albis, Autophon, Biennophone, Funkton, Gfeller, Paillard et d’autres encore.
En TD-HF on trouve : Biennophone qui est le principal, Autophon, Siemens-Albis et Sondyna.

Vous trouverez d’autre informations concernant le système (schéma de principe) et les télédiffuseurs Biennophone sur le site de mon collègue et ami Sammlung alter Biennophone - Radios mais c’est en allemand !

Après avoir lu les informations sur le site de la RAI, je suis étonné que ce système perdure en Italie, en Suisse la compatibilité avec les nouvelles technologies des télécommunications (RNIS à l’époque, ADSL maintenant) étaient un argument pour démanteler ce système désuet et technologiquement dépassé à l’ère du tout numérique.

En 1956, 6 chaines sont diffusées.

  • Canal 1: 175 kHz Progr. “international” (=“Schweizer Radio international”)
  • Canal 2: 208 kHz RSR1 “la Première”
  • Canal 3: 241 kHz Musique classique
  • Canal 4: 274 kHz RSI1 “Rete uno”
  • Canal 5: 307 kHz DRS1
  • Canal 6: 340 kHz Musique légère

D’après une documentation de 1960 (Electronique et radioélectricité volume III de G. Thalmann) transmise par Etienne59, voici la répartition des fréquences :

  • Canal 1: 175kHz Beromünster
  • Canal 2: 208kHz Sottens
  • Canal 3: 241kHz Europe I
  • Canal 4: 274kHz Europe II
  • Canal 5: 307kHz Monte ceneri
  • Canal 6: 340kHz Europe III

Les canaux 3 et 4 ne désignent pas les stations “périphériques” et FM existant actuellement en France.

La bande passante était de 10kHz environ.

On trouvait souvent les récepteurs de filodiffusion dans les restaurants, les bureaux, chez le coiffeur et bien ssr chez quelques privés. Il fallait louer le service au PTT.La filodiffusion est maintenant abandonnée en Suisse, depuis 1998 ?

Connexion d’un récepteur de filodiffusion (photo JMB)
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En Italie :

La Filodiffusion est née en 1958 d’une collaboration entre la RAI et la SIP (aujourd’hui Telecom Italie, la compagnie nationale des communications téléphoniques).

Les émissions régulières ont commencé le 4 janvier 1959, offrant aux usagers la possibilité d’écouter, outre les programmes des trois chaînes radio, un programme en stéréophonie de musique légère ou de musique classique. Actuellement encore, les programmes de la Filodiffusion peuvent être captés par le biais du réseau de Telecom Italie, grâce à un syntonisateur ad hoc. Mais il est possible également de recevoir les programmes de la Filodiffusion par le satellite digital Hot Bird II et, uniquement pour le 5e canal, en modulation de fréquence. Les chaînes de la Filodiffusion sont présentes également sur Internet, à l’adresse http://www.filodiffusione.rai.it. A titre expérimental, le signal audio de la Filodiffusion est diffusé en outre par le système DAB, dans certaines régions.

Source : http://www.radio.rai.it/FILODIFFUSIONE/auditorium/francaise.cfm

En Belgique :

Je cite Thierry Magis : Cela a existé en Belgique aussi. Cela se nommait la «radio re-diffusion». L’intérêt était de s’affranchir des parasites crées par le tram et les usines (nombreuses même au centre), et aussi de la mauvaise réception.

Le système est tombé en désuétude avec l’avènement de la télé-distribution (qui retransmettait aussi des programmes radio en FM) , les émetteurs FM et la démocratisation de la télévision… Par exemple, Verviers fut en effet entièrement câblée en télé distribution vers 1963…

Une station centrale (dans les locaux d’une radio privée d’avant-guerre) captait plusieurs émetteurs AM, et les retransmettait par câble genre téléphone, multi-brins. Un sélecteur chez le client permettait de chosir la station, et un rhéostat d’ajuster le volume. Par contre, pas d’amplification chez le client, c’était passif avec juste un haut-parleur et un transformateur d’impédance.

Les amplis de ligne sortaient un signal puissant à haute impédance (un peu comme les lignes 100V en sono). Tout le matériel avait été fourni par la société Radiobell. La facturation était mensuelle (la maison de ma grand-mère en fut équipée) et l’installation était réalisée par des techniciens de la société. Les câbles leur appartenaient, pas d’utilisation ici du réseau téléphonique.

Apparue après la guerre, la société a été dissoute à la fin des années 60. Il n’y a pas encore tant d’années, des câbles (sous enveloppe de plomb) couraient encore le long de façades dans les anciens quartiers de la ville!

En France ? :

Daniel Bélanger nous rapporte : «J’ai connu ce genre de système, en interne, à la maison de la radio à Paris. Dans presque tous les bureaux il y avait un gros récepteur simplement muni d’un cadran téléphonique et d’un bouton de volume.

C’était relié au nodal ( par qui transitaient les signaux de toutes les radios, y compris Luxembourg, Europe, Monte-Carlo et autres) vers les différents émetteurs.

Comme c’était relié directement au Nodal en BF, la qualité audio était remarquable. Les «Postes» étaient probablement, à voir leur «look» à base de LIE Belin, transfos entrée et sortie Millerioux, signal BF symétrique depuis le Nodal , HP conception Elipson avec l’incontournable tweeter Audax.

Il suffisait de composer le bon numéro au cadran pour écouter les radios concurrentes !

C’était dans les années 65/70. Il y en a peut-être quelques uns qui n’ont pas encore été ferraillés…»

Quelques récepteurs :

  • Biennophone Weggis Modèle 5860 (1958). Lampes EBF89, EF86, EL84
  • Biennophone Weggis 60-HS (1969). Transistors
  • Biennophone Weggis 60-NL (1984). Transistors
  • Biennophone Crans 6046
  • Philips 37 A

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Hormis les récepteurs dédiés à la filodiffusion, il semble que des récepteurs de radio aient été adaptés à la réception de ces signaux. On pense aux appareils Biennophone, bien entendu. Par exemple le modèle Verbier 03 HE, qui comporte une touche «TR-TD» visible sur la photo de Michel Cupillard.

J’ai entendu parler de modèles Nordmende et Grundig notamment. Ils comporteraient les inscriptions Rundspruch, ou Schweitzer Tel Rundspruch. Parfois les canaux sont indiqués sur le cadran, à proximité des grandes ondes.
Si vous avez connaissance de tels modèles il serait intéressant de les présenter ici !

Merci à :
Henri-Louis Jeanmonod
Daniel Bélanger
Pierrot du 82
Thierry Magis (via le forum TSF-Radio.org)

Bonsoir

Bonsoir

Les belges ont eu également dans les années 60 - 70, un système de diffusion de programmes radio par câbles.

De grandes villes flamandes en étaient équipées . Je n' ai pas d' infos concernant les villes de Wallonie

 A la fin des années 1970 , début 80 , je travaillais avec une société de Gand , appelée GRD , qui avait installé ce système dans la ville , et en assurait la maintenance des équipements ..

Je pense que Barco à Courtrai ou les ACEC à Charleroi en fabriquaient les récepteurs .

Je pense aussi que Thierry Magis, par exemple , ou d' autres amis belges qui nous lisent , pourraient nous en dire plus à ce sujet Clin

Je vais  passer ce lien à Thierry !

Je viens de trouver ceci dans mes archives. Source : Revue Belge de TSF, en 1934

C' est tout à fait ça ! Clin

Et c' était encore en service au milieu des années 1970 quand j' y allais pour ma société .

Et la société gantoise s' appelait bien GRD , pour Gent Radio  Distributie ?

Sorry je ne cause pas le flamand !  Triste

Je viens de retrouver dans mes archives des photos et une description de ce modèle :

Voici le texte qui accompagnait les photos

Autophon Autophon A.G. Soleure
App. Type T25
Spannung : 110/220
N°01126
Stromart : 50p

Il s’agit d’un amplificateur BF avec un choix des stations (6) par cadran téléphonique à impulsions. En effet, déjà au début des années 30, la Suisse avait pour la plupart de ses grandes villes un réseau téléphonique automatique (dans les années 40, le réseau était entièrement automatique). Cela permettait ce qu’on appelait la télédiffusion, soit l’équivalent du « câble ». L’abonné se branchait sur sa ligne téléphonique, et recevait six stations de radios, liées au téléphone. Le seul inconvénient était qu’un appel évcntuel par téléphone coupait la diffusion, et que l’on entendait ce qui se disait dans le haut-parleur.
Ce système a pu fonctionner très tôt en Suisse, car j’ai vu un appareil de télédiffusion fait d’un haut-parleur magnétique avec comme seul tubes un RE134 et un 506 !
Dans les années cinquante, le système a été remplacé par un porteuse HF qui utilisait les cables téléphoniques sans perturber les communications éventuelles.

3l. AC2 ; AL4 ; AZ1.

Particularité : le cadran indique le nom des stations ; Quand on tourne le bouton d’accord, cela déclenche une série d’impulsions correspondant aux numéros de la télédiffusion.

Quelque-chose m’intrigue : on parle d’impulsions correspondant aux numéros de la télédiffusion.
Pourquoi des impulsions ? Un simple accord sur la fréquence devait suffire ?
Confusion avec une impulsion à envoyer au central téléphonique, pour « commander » la bonne fréquence ?..

En passant, le texte n’est pas signé.
Si l’auteur du texte ou des photos se reconnait, merci à lui de se signaler.
Je lui rendrai la paternité de la fiche du GL !

On en a déjà parlé sur le forum, je crois. J’avais jusqu’à récemment un tel appareil. Et le grand spécialiste de la chose est notre ami Henri-Louis, qui, je l’espère, va venir nous éclairer .

Je n’avais pas intégré la différence entre les modes de diffusion HF et BF…

Tout est clair maintenant.
Merci !!!

Je vois souvent ce genre de récepteurs, et j’en ai quelques-uns.
Proximité oblige…

Bon démarrage de semaine à tous !

Bonsoir,

Tout a été dit dans le sujet que Joël (Radiocom3) a mis en lien, où je lui avait donné toutes les informations dont je disposais sur la Télédiffusion BF ou TD-BF en abrégé.

Ces télédiffuseurs BF devraient bien se prêter de nos jours à une transformation bluetooth, c’est d’ailleurs la seule façon pratique de les faire fonctionner actuellement en mettant un module bluetooth à l’entrée de l’ampli BF.

Le premier procédé suisse par le téléphone rappelle le principe du théatrophone qui a existé en France de la fin du 19me siècle jusque à au moins fin 1936.